Le vendredi 20 avril 2018, je suis allée voir et écouter au Théâtre du Nord « Traviata, vous méritez un avenir meilleur ». La pièce est une adaptation des chants de La Traviata de Verdi mis en scène avec des passages musicaux et théâtraux s’inspirant du roman d’Alexandre Dumas fils, La Dame aux Camélias. Benjamin Lazar, Floren Hubert et Judith Chemla sont à l’origine de la conception du spectacle. Benjamin Lazar s’occupe de la mise en scène, Florent Hubert avec Paul Escobar arrangent et dirigent l’ensemble musical et Judith Chemla participe aussi à la conception tout en interprétant le rôle de Violetta. Ils mettent en scène des talentueux comédiens et chanteurs, Élise Chauvin dans le rôle de Flora, Safir Behloul dans le rôle d’Alfredo Germont, Jérôme Billy dans celui de Giorgio, le père, et Florent Baffi dans le rôle du médecin de Grenvil. Ils sont accompagnés par un ensemble musical qui intervient de temps en temps dans le jeu.
Tirée du roman La Dame aux Camélias de Dumas (fils), La Traviata est adaptée au théâtre puis à l’opéra par Verdi au XIXème siècle. L’histoire nous raconte un amour impossible entre un homme de la haute-bourgeoisie, Alfredo Germont et une courtisane, Violetta Valéry. Alors que Violetta donne une fête chez elle, Alfredo lui déclare son amour. Violetta ne reste pas indifférente à cet aveu et ils tombent amoureux. Ils partent vivre une vie de luxe à la campagne. Un jour, le père d’Alfredo vient s’entretenir avec Violetta. Il lui fait part de ses préoccupations au sujet de sa mauvaise réputation de courtisane et de son passé, compromettant l’avenir de son fils et de sa lignée. Il lui demande alors de quitter Alfredo en promettant de lui révéler son dévouement après sa mort. Violetta se sacrifie et abandonne son amant. Au cours d’une fête, ils se croisent, et sous le coup de la colère, il l’humilie en public. Déjà affaiblie par la phtisie, la jeune femme voit son état s’aggraver brusquement. Alfredo apprend par son père pourquoi Violetta l’a vraiment quitté. Il se précipite alors vers son amante et l’assiste jusqu’à sa mort.
Comme dans la majeure partie des opéras, le thème principalement abordé est l’amour, et souvent la passion amoureuse lors d’un amour impossible. Il suffit aux personnages d’une rencontre pour tomber amoureux, puis une période de bonheur pleine de lyrisme jusqu’à l’arrivée d’un élément perturbateur précédé d’une longue descente vers la mort. Dans La Traviata, c’est cet amour interdit par la bourgeoisie qui est dénoncé. Cela nous amène à un deuxième thème abordé qui est la critique de la haute-société du XIXème siècle, opposant une femme de mauvaise réputation mais bienveillante et le conformisme de la haute-bourgeoisie française mais dévastatrice de l’amour.
D’autres thèmes comme la vie de bohème parisienne, la mort ou la jalousie sont aussi évoqués.
Le public était placé de manière habituelle, face à la scène et surélevé. L’espace de jeu était souvent séparé en deux par un élément, ce pouvait être un voile en tulle, des plantes, une longue table… L’éclairage pouvait aussi séparer en deux la scène en n’éclairant par exemple seulement une partie et laissant l’autre dans l’obscurité. Il permettait aussi de mettre en valeur certains personnages en centralisant la lumière sur eux et pouvait aussi jouer sur l’ambiance d’une scène avec des couleurs spécifiques. Il était très utile lors des scènes de fêtes ou par exemple, la lumière verte lors de la scène avec Flora et le docteur rendait l’ambiance plus mystérieuse avec l’aide de la brume.
Un piano et un miroir étaient placés de manière permanente aux extrémités de l’avant-scène. Le déplacement des comédiens dans cet espace semblait très linéaire, sans coupure, et en union avec les musiciens, abolissant cette division de la scène et de la fausse. Les changements de décors se faisaient lors de transitions par les comédiens ou musiciens et par le régisseur David, inclus dans la pièce.
La pièce était sonorisé par le groupe de musiciens ainsi que les chanteurs lors des passages musicaux et d’opéra. Cependant, il pouvait arriver que certains musiciens interviennent lors de scènes théâtrales pour accompagner les comédiens avec des jeux d’échos, des sons en interaction comme une bande sonore de la pièce.
Mis à part Violetta et Alfredo, les personnages n’ayant qu’une fonction ne changent jamais de costume ou d’allure. Ils sont, ainsi que les musiciens, en tenue de fête du XXème siècle. Alfredo porte un costume ou une chemise, Violetta est d’abord en robe verte très révélatrice de son corps puis en nuisette lorsqu’elle vit à la campagne ou avant de mourir. Quant au père d’Alfredo et au docteur, ils portent un costume très sobre. Flora est dans une robe du même ton que celle de Violetta, certainement pour montrer la proximité et le goût de la fête des deux femmes. Les personnages passent de chants à musique ou à réplique (ou les deux en même temps) ce qui demande un jeu précis, comique et d’interaction.
La mise en scène de Traviata met à mon avis en avant certaines oppositions comme les folies de la fête avec le calme de la campagne et son décor pastoral, la mort et la maladie avec la vie et la nature ou moins subjectif à la pièce, la séparation de l’orchestre et des acteurs ainsi que du public avec le 4ème mur franchit lors des sorties et entrées des comédiens ou de certaines répliques presque adressées aux spectateurs.
La pièce rassemble plusieurs genres artistiques que j’apprécie particulièrement, comme l’opéra, la comédie et la musique. Les acteurs et les musiciens étaient excellents, ils jonglent entre jeu, chant et musique.
Traviata , vous méritez un avenir meilleur.