Il est de ces films qui s’avèrent être un coup de cœur immédiat, pour de multiples raisons plus ou moins connues et établies. Amadeus fait pour moi partie de cette catégorie restreinte. Un film de 3h00 dont on ne voit pas le temps passer, dont on éprouve et savoure chaque seconde, chaque son, chaque parole et image, si riche que tous nos sens semblent sollicités et notre attention retenue par l’histoire.
Mais Amadeus pourrait simplement n’être qu’un biopic bien réalisé et forcément intéressant puisqu’il s’agit de la vie du plus grand, génial et admiré compositeur de notre histoire.
La différence est que Amadeus est un film polyvalent et absolument original.
D’une part, il rassemble tous les genres. De la comédie au drame, nous assistons à des scènes burlesques qui se croisent à d’autres parfaitement tragiques. Pourtant cela n’altère aucunement la cohérence du film.
D’autre part, il semble que Mozart ne soit pas le seul réel protagoniste. En effet, le narrateur n’est personne d’autre que Salieri, compositeur italien qui a entretenu avec Mozart une amitié rivale, mais aussi un des personnages les plus présents à l’écran, au cœur de l’intrigue. La vie de Mozart, brève mais intense, nous est ainsi contée à travers les paroles de Salieri, à travers son propre point de vue, et traite forcément de leur relation.
Aussi, Amadeus est un film qui s’est emparé de la musique classique, en prenant la vie de Mozart comme sujet bien-sûr, mais surtout en incluant brillamment les œuvres de ce dernier dans la bande sonore. On ne cessera de le répéter, la musique, ou plus largement le son dans un film, joue un rôle indispensable et crucial, en ce sens qu’elle s’associe avec l’image de manière à véritablement créer une atmosphère et une dimension supplémentaire. C’est cet ensemble qui m’a séduite en regardant le film. Le jeu excellent des acteurs, l’intrigue poignante, les décors, les costumes époustouflants et l’image en générale incroyablement réussie sont magnifiés par la musique du compositeur-génie. Certes, la musique de Mozart semble indispensable à l’histoire. Mais je pense qu’encore une fois c’est un tout, une parfaite association qui se crée entre les éléments du film, tous remarquables, et qui fait qu’Amadeus est un chef d’oeuvre.
Enfin, comment parler d’Amadeus sans évoquer le cœur de l’histoire, celle de la damnation d’un homme à la fois admiratif et diabolique envers Mozart? La tragédie est double: Salieri – qui défie son Dieu l’accusant de vouloir le faire souffrir en lui donnant l’amour de la musique sans talent particulier, puis en lui envoyant Wolgang Amadeus Mozart*, un jeune virtuose au génie lumineux – se considère maudit jusqu’à en perdre la foi et la raison, et Mozart fait les frais de sa propre ivresse de vivre et de création ainsi que des manigances de son ennemi. Ici, les désirs de destruction de l’un rencontrent les désirs de création de l’autre, et de cela résultent une tragédie historique (très romancée bien-sûr) ainsi qu’un ultime Requiem.
Ainsi, au delà de la forme exceptionnelle sur tous les plans du film, Amadeus explore des problématiques universelles qui transcendent le temps et l’espace, celles du Bien et du Mal, de la soif de création et de la folie, propres à l’homme, cet être inéluctablement complexe et imparfait.
*En latin, Amadeus signifie l’aimé de Dieu.
J’ai vu ce film il y a longtemps, il m’avait bien plu. Ton avis me donne envie de le revoir !
Ma mission est accomplie 😉