Le mercredi 24 Janvier 2018, on jouait pour la 10ème fois au Théâtre du Nord la pièce Comme il vous plaira écrite en 1599 par le célèbre dramaturge et écrivain William Shakespeare. Insatisfait de sa première réalisation, Christophe Rauck remet en scène la comédie avec des acteurs comme le couple Cécile Garcia Fogel et Pierre-François Garrel dans les rôles de Rosalinde et Orlando, Maud Le Grévellec dans le rôle de Célia, John Arnold, Alain Trétout… Mais également avec les deux chanteurs Luanda Siqueira et Jean-François Lambert qui jouent et chantent des airs de Purcell, Dowland ou d’artistes plus modernes comme Lennon et McCartney.
L’éclairage est dirigé par Olivier Oudiou, la scénographie par Aurélie Thomas et les costumes sont de Coralie Sanvoisin. Le directeur musical est Marcus Borja et Xavier Jacquot s’occupe du son.
William Shakespeare, considéré comme le plus grand poète, dramaturge et écrivain de la culture britannique, a vécu pendant le XVI et XVII siècles. Il est réputé pour sa maîtrise de la poésie et de la littérature ainsi que son habileté à représenter les différents aspects de la nature humaine.
Il se livre aussi bien à la comédie qu’à la tragédie et écrit 37 œuvres dramatiques comme les très célèbres pièces Roméo et Juliette , Hamlet , Le Songe d’une nuit d’été …
Traduit dans un grand nombre de langues, il est l’un des auteurs les plus lus et ses pièces sont régulièrement jouées partout dans le monde .
Shakespeare continue d’ailleurs de fasciner de nombreux artistes contemporains
Après avoir exilé son frère, le duc Frédéric, qui est aussi le père de Célia, décide de bannir Rosalinde, sa nièce, de la cour. Orlando, qui s’était alors éprit de Roslainde est lui aussi forcé de fuir après avoir été persécuté par son frère Olivier.
Célia et Rosalinde, bouleversées et décident de fuir ensemble. Pour cela, elles se déguisent. Rosalinde se transforme en homme et Célia en pauvre dame. Elles prennent ainsi chacune un nouveau nom ; Rosalinde se nomme à présent Ganymède et Célia, Aliéna. Elles arrivent dans la forêt d’Arden où elles retrouvent Orlando ainsi que d’autres personnages tels que les bergers ou Jacques le Mélancolique, partisan du duc exilé.
Rosalinde (Ganymède), qui tombe amoureuse d’Orlando, décide sous sa fausse identité de persuader indirectement Orlando de l’épouser.
Plusieurs disputes et amours se déroulent alors entre les différents personnages.
Pour finir, Rosalinde épouse Orlando, Olivier se réconcilie avec son frère et épouse Célia qu’il avait rencontré. D’autres ménages se font au grès de tous les personnages, Frédéric reconnaît ses fautes et décide de rétablir son frère en tant que duc.
L’œuvre Christophe Rauck est une pièce de théâtre comprenant des interventions musicales, notamment des chants baroques ou même des morceaux de notre culture moderne et occidentale.
Le thème principal de la pièce est évidemment le thème de l’Amour. On assiste à des « coups de foudre », des séductions, des chagrins d’amour… L’amour de Célia pour sa cousine Rosalinde est touchant. Mais parallèlement, la rivalité entre les membres de la famille est aussi une partie importante de l’œuvre. On remarque la personnalité de Frédéric, usurpateur et tyran envers son frère ou Olivier qui chasse aussi son propre frère, Orlando… Le thème du travestissement est aussi abordé avec le personnage de Rosalinde/Ganymède.
Un autre thème un peu moins évident peut être celui du théâtre dans le théâtre : « le théâtre du monde offre autant de spectacles qu’il y a de publics et chacun joue à la fois sa partition d’acteur et celle de spectateur, sautant même, si besoin, d’un genre à l’autre. » Jacques le mélancolique insiste sur cette idée dans son monologue.
Au tout début, la scène est vide, il n’ y a qu’une cheminée tout au fond dans la pénombre. Puis pour donner un air très baroque à la pièce, on ajoute des meubles et des animaux empaillés sur roulettes selon le lieu de la scène. Pour représenter la forêt, de grandes toiles avec des arbres dessinés sont déroulées, suspendues au plafond.
Les comédiens utilisent vraiment tout l’espace, le fond de scène comme le devant (et donc très proche de public) ou encore les extrémités du plateau, à la limite des coulisses. Les acteurs se déplacent et occupent cet espace par tous les moyens, debout ou allongés, en courant, sautant marchant, rampant ou traversent même parfois la scène sur les petites roulettes…
L’éclairage varie beaucoup. Souvent, il est minimisé, en se concentrant sur le peu de personnages sur scène. Mais lorsqu’il y a beaucoup de comédiens, l’intégralité du plateau est éclairé. Pour un effet fantastique (mais aussi pendant quelques passages chantés), les acteurs sont parfois éclairés par l’arrière, projecteurs en direction du public, pour qu’on ne puisse voir que leurs silhouettes.
On remarque également le brouillard très (très) présent, qui renforce l’atmosphère extraordinaire et faramineux, et qui semble annoncer à chaque fois un nouvel événement de l’intrigue.
Parmi les différentes interventions sonores, on retrouve les interprétations chantées par Luanda Siqueira et Jean-François Lambert. Ils alternent entre airs de musique baroque et tubes contemporains comme Because de Lennon et McCartney ou When the rain begins to fall par Jermaine Jackson et Pia Zadoradu.
Les acteurs utilisent parfois des micros mais de manières à ce qu’on les oublie, couchés au sol et de façon irrégulière. Ou (et je dirais même au contraire), ils parlent à travers un micro posé sur pieds, sur le devant de la scène comme s’ils étaient dans un one-man-show.
Les costumes évoluent avec le déroulement de l’histoire. Au début, Rosalinde et Célia portent des robes semblantes à celles de l’époque puis changent de période avec des tenues plus modernes et masculines (salopettes, sportswear…) Cela traduit ainsi leur travestissement. Les autres personnages portent des costumes selon leurs caractères et leur importance dans l’intrigue. Par exemple, le duc est vêtu d’un costard pour son autorité et pour son tempérament calme mais sec et intransigeant, ou encore le bouffon qui est habillé de toutes les couleurs, avec un short et des chaussettes hautes qui évoquent la folie et l’humour du personnage.
Le jeu des comédiens et très représentatif, tout comme leurs costumes, de la personnalité et de leur rôle.
Selon moi, Christophe Rauck a voulu à travers sa mise en scène, montrer les artifices du théâtre, chercher et exposer le vrai et le faux. Pour cela, il utilise des outils du théâtre tels que les micros, les grandes toiles, la fumée (beaucoup de fumée!) , les animaux empaillés… La pièce traite d’ailleurs aussi de cette idée, remettant en question la place du théâtre dans notre monde. Et si nous n’étions pas tout simplement des acteurs de notre propre vie ?