Martin Eden – Jack London
Je précise avant toute chose que ce qui suit est un résumé critique de l’oeuvre. La fin n’est que partiellement révélée.
Martin Eden est un roman à fort caractère autobiographique écrit par l’écrivain américain Jack London en 1909.
Martin Eden, jeune marin de 21 ans, se rend un jour par chance dans la demeure de la famille Morse, une famille de la haute-bourgeoisie américaine, près de San Francisco. Inaccoutumé aux habitudes et aux manières bourgeoises, maladroit et manquant d’éducation, Martin ne sait comment se comporter ni comment s’adresser à ses hôtes. L’atmosphère de la pièce dans laquelle il attend d’être accueilli, la beauté des objets, des livres et des tableaux accrochés aux murs le fascinent. Puis il rencontre Ruth Morse, dont la beauté lui semble être tout droit descendue des cieux. Ainsi, la jeune fille, divinisée par Martin, lui semble hors de sa portée, comme sur une rive séparée de lui par un gouffre profond. Dès lors, Martin décide de s’élever à son niveau, à celui du monde de la classe supérieure qu’il juge parfait, un monde où la culture, la beauté, l’intellect et l’esprit se rencontrent.
Martin s’inscrit à la bibliothèque, s’initie à des disciplines dont il ignorait les noms jusqu’alors. Il lit énormément, apprend à s’exprimer correctement tout en continuant de voir Ruth, qui est à la fois étrangement attirée par sa force et son enthousiasme, et révulsée en raison de son éducation et de sa bienséance bourgeoise.
Martin se plaît tant à découvrir le monde à travers tous les ouvrages qu’il lit, aussi bien scientifique que littéraire et philosophique, qu’il décide d’écrire lui aussi. Son objectif se précise et il souhaite devenir écrivain, rencontrer le succès et pouvoir demander la main de Ruth à bon droit.
Néanmoins, le succès peine à arriver à lui. Martin ne cesse d’écrire, d’envoyer ses manuscrits aux éditeurs de presse de la côte Ouest, en vain. Si Martin réussit à obtenir l’amour de Ruth, il n’obtiendra jamais d’elle ni de personne reconnaissance et soutient quant à sa carrière d’écrivain.
L’ascension de Martin, qu’il ne doit qu’à lui-même, ne ralentit pas pour autant. Mais la misère dans laquelle il vit faute d’avoir trouver une “situation” ajoutée aux fausses accusations d’une radicalité socialiste altèrent ses relations avec Ruth, sa famille mais aussi le monde ouvrier d’où il vient.
Désespéré et ayant en définitive de loin surpassé la classe bourgeoise qu’il idéalisait tant, Martin se voit désillusionné, dégoûté de cette bourgeoisie hypocrite, creuse et banale. Alors qu’il voit tous ses écrits publiés en très peu de temps et se vendre ses romans à travers le monde, tous les gens qui l’avaient délaissé voire méprisé avant lui sont désormais accueillant, aimable avec lui. Ruth tente même de revenir vers lui alors que leur histoire était supposée close. Martin n’aura de cesse de se répéter intérieurement qu’il était le “même Martin Eden”, que tout son succès ne trouvait sa source que dans ce qu’il avait écrit à l’époque où personne ne s’intéressait ni ne croyait en lui.
Telle la toile qu’il aperçut au tout début dans le hall des Morse avant même de rencontrer Ruth, ce monde de la bourgeoisie était un “trompe-l’œil”, un monde irrésistiblement attirant mais dont toute la beauté disparaît lorsqu’on y aperçoit les véritables traits pour la première fois.
Quelques pistes de réflexions que je développerai par la suite:
- La question des classes dans la société (ici américaine), particulièrement de la bourgeoisie et de la classe ouvrière.
- La recherche d’un idéal spirituel et culturel, de la vérité et de la perfection, ces objectifs pouvant être atteint, est-elle une voie vers le bonheur?
- Le parallèle entre Jack London et son personnage Martin Eden.
“Critics have complained about the swift education one of my characters, Martin Eden, achieved. In three years, from a sailor with a common-school education, I made a successful writer of him. The critics say this is impossible. Yet I was Martin Eden.”
Jack London en 1913
Après ces réflexions sur le roman, ses portées philosophiques etc., je souhaite présenter mon avis personnel, ce que j’ai vécu et ressenti lors de cette lecture.
Tout d’abord, soyons clairs. Martin Eden fait dorénavant partie de mes romans préférés, de toute mon existence. Il est de ceux qui ont changé ma vie, ma vision sur le monde et surtout, sur moi-même. C’est une révélation qui se produit à la lecture du livre et après. Je me suis identifiée avec le personnage. Je me suis indignée avec lui, j’ai éprouvé ses sentiments, ses sensations. Martin est un personnage extrêmement riche. C’est un des plus humains que j’ai pu rencontrer jusqu’ici. Pourtant, cette poursuite d’un idéal, qu’il soit atteint ou non, l’amène à une désintégration de lui même. Alors qu’il rencontre trop tard le succès, il n’a plus le goût de vivre.
La fin, tragique, bouleversante, remet en cause la conception bourgeoise, bien souvent matérialiste, de la valeur d’un être. Elle met aussi en avant l’idée selon laquelle être doté d’une intelligence exceptionnelle, même en étant très humain, peut mener à la dépression et à l’envie de ne plus être.
👏👏👏👏
Mercii
Ton avis donne vraiment envie de lire ce roman ! J’essaierai de me le procurer après le confinement !
Merci beaucoup! Oui, je serai ravie d’en discuter avec toi!!! J’espère ne pas en avoir trop dit, mais je ne pense pas tellement le roman est riche tout comme ses personnages .