Je ne m’étais encore jamais lancée dans la lecture d’un roman d’Amélie Nothomb. Après avoir écouté de nombreux entretiens dans lesquels l’écrivaine prend la parole, une hésitation persistait et m’empêchait d’ouvrir l’un de ses nombreux romans. Pourquoi, quelle hésitation? Je ne saurait vraiment l’expliquer… Amélie Nothomb me fascine en tant que personne, j’avais peut-être peur d’éteindre cette lueur mystérieuse qu’elle suscite en moi quand je l’écoute… Autrement dit je craignais peut-être d’être déçue. Mais formulé comme cela me semble très prétentieux. Oublions cela, car j’ai à présent goûté à l’univers littéraire d’Amélie Nothomb !
J’ai commencé par son roman Stupeur et tremblements, huitième livre publié en 1999. L’histoire n’est autre que sa propre expérience. « Stupeur et Tremblements est entièrement autobiographique. Mais je suis une romancière et, pour moi, il suffit qu’on raconte quelque chose en travaillant le style pour écrire un roman. Cette histoire m’est arrivée à 100 % : j’ai seulement déguisé les noms de la compagnie et des personnages. »
Elle y raconte son arrivée et son année de travail dans une grande entreprise japonaise, et nous plonge dans l’absurdité du travail dans des bureaux, et la violence morale hiérarchique qui abolie toute liberté. Qui plus est, Amélie-san ne sombre jamais et les incohérences du système ne sont que renforcées par sa naïveté et la dimension absurde de ses réactions. Nous ressentons à la fois une espèce de compassion pour la pauvre employée dont les rêves semblent si lointains et qui par sa naïveté et son auto-dérision se fait souvent passer pour une demeurée, mais aussi l’admiration de sa capacité à encaisser les mésaventures qui lui arrivent bien souvent malgré elle.
C’est un roman assez court, sans découpage. Je l’ai véritablement englouti ! J’adore l’écriture d’Amélie Nothomb. J’entend sa voix lorsque je lis, c’est très agréable. Son style épuré ne comporte rien de superflu, peu de descriptions, mais pourtant nous n’avons pas de mal à se glisser dans l’univers du roman. Ce n’est certainement pas une porte que je vais laisser entre-ouverte, je compte bien entièrement entrer dans le monde d’Amélie Nothomb à travers tous ses autres livres (ce n’est pas ce qui manque!)
J’ai d’ailleurs, le jour même que j’avais lu Stupeur et Tremblements, couru chez le libraire pour me procurer son dernier roman Soif sorti durant le mois…