Roubaix, une lumière, l’histoire d’un fait divers au coeur d’une ville minée par la misère sociale. Mais tout n’est pas noir ni désespoir, une lueur finit par briller et la douleur par s’estomper.
Bien sûr, la douleur et la misère ne disparaissent pas. Le film s’ouvre sur l’arrivée d’un nouveau lieutenant au commissariat de Roubaix, qui découvre cette ville enflammée, semblable à l’enfer la nuit et où ne règne aucun ordre. Il connaît l’histoire de la ville, plus riche commune de France il y a encore moins de cent ans, abritant quelques unes des plus puissantes familles industrielles du pays. Comment en est-on arrivé là ? À présent refuge d’immigrés, de la Pologne à l’Algérie ils sont venus vivre ici. La question que Louis, le nouveau lieutenant, se pose est pourquoi restent-ils? L’existence dans cette ville est telle qu’on n’envisage pas une minute pouvoir vivre, les gens en réalité survivent.
Cela se déroule pendant l’hiver, on arrive le soir de Noël. (Le fait divers dont s’est inspiré A.Desplechin à lieu en 2002 mais au début du film, on nous précise bien “de nos jours”) Après un incendie criminel qui fait l’objet d’une enquête rue des Vignes, l’assassinat d’une vieille dame dans sa maison entraîne Marie et Claude, voisines de courée, suspectées d’y être impliquées.
Je n’avais encore jamais vu de film d’Arnaud Desplechin. Je n’ai donc pas pu faire de liens ou déterminer de différences entre ses autres films et son dernier, Roubaix, une lumière.
Mais il est clair que les projecteurs sont dirigés vers tous les éléments qui constituent la déchéance de Roubaix et la marque d’un système dépassé. La ville semble même être un autre monde, oubliée du reste du pays. La méfiance, le mensonge, la haine prédominent mais un personnage est là pour à chaque fois éclaircir une situation sombre ou douteuse. Le commissaire Daoud, véritable chérif bienveillant de la ville, persuadé que les hommes naissent bons mais qu’ils sont victimes d’un dysfonctionnement profond et d’une société perverse. La comparaison avec le chérif me vient certainement avec les images du commissaire dans l’hippodrome du Croisée-Laroche, particulièrement lors des dernières minutes du film.
Le crime s’il est finalement élucidé, reste le signe d’une pauvreté exacerbée. Des personnes qui perdent toute notion du mal et du bien, toujours dans la nécessité, finissent par commettre l’irréparable. On est ainsi sensible à la violence et aux inégalités profonde étouffant ces personnes qui, considérées comme criminelles, sont avant tout les victimes d’une société défaillante.