J’ai découvert Albert Camus il y a trois ans, un été, en lisant La Peste. Ne m’étant pas familiarisée avec la philosophie de Camus (même s’il n’est pas obligatoire de la connaître pour lire son œuvre), je n’ai pas lu le roman consciente de sa dimension philosophique. Cela peu paraître absurde puisque c’est un roman métaphorique qui met en question la condition des hommes… Mais j’ai eu une toute autre approche et ai découvert par moi même la philosophie de Camus que j’ai affiné grâce à quelques recherches.
J’ai aussi découvert une écriture qui me plaisait, qui me parlait plus que les autres. En comprenant par la suite quelles étaient les motivations de Camus et notamment quels étaient ses fondements philosophiques, j’ai d’autant plus apprécié cet auteur de l’absurde et de la révolte.
Pourquoi cet article ? Pour écrire sur un auteur que j’aime et que j’ai lu mais dont j’ai encore tant à découvrir… Mais aussi pour éclairer les notions philosophiques de l’absurde et de la révolte qui sont universelles et nécessaires pour survivre et pour tenter d’être heureux.
Je vais très rapidement introduire la vie et l’œuvre de Camus.
D’origine algérienne, Albert Camus naît et vit son enfance en Algérie, avec sa grand-mère, sa mère et son frère. Il ne connaît pas son père, mort pendant la Première Guerre mondiale un an seulement après sa naissance en 1914. Albert Camus vit dans la précarité mais il profite de la liberté, se passionne de football et de lecture, et développe très tôt un goût prononcé pour la vie. Doué à l’école, il se fait remarquer par son instituteur qui lui permet de continuer ses études. Il s’intéresse à la philosophie et commence à écrire ses premières œuvres littéraires et dramatiques. Il s’engage aussi en politique, membre du parti communiste, résistant et journaliste. Il publie en effet des articles militants de 1942 à 1945 dans le journal Combats.
Il se fait connaître de son vivant et est révélé au grand public avec son roman L’Étranger en 1942. Il expose la même année sa philosophie de l’absurde dans son essai Le mythe de Sisyphe. Puis il développe une suite à la prise de conscience de l’absurde qui est la révolte, notamment dans son essai L’Homme révolté. Entre pièces de théâtre, romans ou essais philosophiques, Albert Camus est un écrivain ancré dans son actualité ; il s’indigne des horreurs de la guerre, prend position sur les événements d’Algérie…
Il meurt tragiquement dans un accident de voiture en 1960 alors qu’il travaillait sur un nouveau roman.
Le Premier homme est ainsi publié à titre posthume en 1994 par sa fille. C’est un récit à forte dimension philosophique et autobiographique qui retrace la vie et l’enfance de l’auteur ainsi que sa recherche d’identité à travers le personnage de Jacques Cormery.
Voilà, j’espère que cela n’aura pas été trop long même si ce n’est qu’un vulgaire résumé de l’extraordinaire vie et de l’œuvre de Camus…
J’aimerais me pencher à présent sur les notions d’absurde et de révolte (assez simplement mais de manière claire et compréhensible)
L’Absurde :
Par définition, l’absurde désigne ce qui n’a pas de sens. Dans la philosophie de Camus, l’absurde naît avec la prise de conscience de la mort et du caractère insensé de l’existence. Cependant, cette prise de conscience est une expérience positive et l’homme doit parvenir à assumer sa condition avec sérénité.
“L’absurde naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde”
On considère par exemple dans son « cycle de l’Absurde » l’essai sur Le Mythe de Sisyphe, la pièce de théâtre Caligula et le roman L’Étranger.
La Révolte :
Ainsi, l’homme ne doit pas renoncer face à l’absurdité de la vie et de l’existence. Une des possibilités pour la dépasser est de se révolter. C’est-à-dire, sans s’adonner à une quelconque croyance ou religion, de prendre pleinement conscience de sa condition et d’agir individuellement et/ou collectivement pour lutter contre cette absurdité.
Par exemple, dans La Peste, l’absurdité de la vie est évoquée à travers l’épidémie qui tue par milliers les habitants d’Oran. Mais par sa persévérance et son engagement individuel et collectif, le docteur Rieux parvient à venir à bout de la maladie.
Qui ne s’est jamais demandé si la vie valait vraiment la peine d’être vécue ? Par la recherche de sens et la découverte ou le sentiment que la vie en est dépourvue, on est amené à remettre en question la raison de notre existence.
Se poser ces questions c’est aussi faire preuve d’une grande lucidité. En revanche, vivre avec cette conscience peut s’avérer très angoissant. C’est pendant les instants d’ennui que je ressens le plus cette angoisse existentielle. Mon esprit se focalise sur mon existence, sur ma condition et je me pose des questions auxquelles je ne peux apporter de réponses satisfaisantes. Il m’arrive parfois d’être déçue de la vie. C’est pourquoi la notion de révolte est très optimiste selon moi. C’est un état que je recherche et je pense y parvenir petit à petit. Nous avons besoin de trouver la force de vivre par le bonheur, par les plaisirs que nous offrent la vie, les autres… Il faut pouvoir dépasser cette absurdité et les obstacles que l’on peut rencontrer sur notre chemin.
Pour me faire comprendre, je termine par un exemple plus ou moins personnel :
J’ai toujours été animée par un sentiment d’injustice. Je perçois l’injustice partout et cela me dégoûte, m’indigne (pour ne pas dire me révolte 😉 )
C’est donc en m’engageant à combattre cette injustice que je pense pouvoir trouver le plaisir de vivre et une justification à mon existence. Je voudrais travailler dans le droit, dans la défense des libertés et la justice.
Pour terminer, il ne s’agit pas de conclure mais d’ouvrir sur une autre réflexion. Parfois, il me semble que pour redonner un sens à mon existence, il me faudrait trouver une personne qui me comprenne ou une passion à laquelle je puisse mettre toute mon énergie. Au bout du compte, je reste toujours dans ce besoin de trouver du sens, en cherchant à trouver ma véritable identité. Je crois que cela nécessite une « révolte » pour dépasser le non-sens de la vie et ainsi vivre pleinement et sereinement avec soi-même.